Archipels
Un archipel est un groupe d’îles voisines qui partagent un lien géologique sous-marin. Cette série fait ressortir dans mon travail l’aspect d’isolement, de solitude. Suivant une série beaucoup plus narrative (King Lear), cette série est composée de tableaux très statiques au contenu narratif ambigu. Des relations étranges se tissent entre les éléments des différents tableaux, relations teintées du vide de ce désert qui apparaît dans les décors. À l’intérieur de ces structures qui les dépassent, les personnages sont comme des îles, reliées de façon invisible dans un océan de béton, de vitre et d’acier.
Archipel
Ce tableau représente des centre d’achats dans le désert. Ce tableau joue aussi sur la connotation sprituelle de la pyramide. L’image représente la Cordillère des Andes dans le désert, au Chili.
Espaces publics no. 42 et no. 43, Intérieurs no. 8
Dans les Espaces publics, ainsi que dans plusieurs autres tableaux, revient toujours une grille, une structure qui appraît à travers le «décor» du tableau. Cette grille tient l’image en place et soutient le décor. Cette grille est inspiré par les idées de différents penseurs : elle peut être la superstructure de Karl Marx, la structure de Claude Lévi-Strauss ou le discours de Michel Foucault, selon qu’on adopte ou pas leur vision du monde. Pour moi c’est l’invisible pouvoir qui imprime son discours et ses valeurs à toute la société; c’est les rituels et les mythes qui structurent notre rapport au réel; c’est les forces matérielles qui construisent des «espaces publics privés». Dans les tableaux, les personnages sont en décalage dans ce lieu vide. Ils le traversent sans y être vraiment. Ils se prennent à rêver à un désert, à le désirer.
Espaces publics no. 44 à no. 47
Ces tableaux s’inscrivent en continuité avec la série King Lear. Ils font partie de ce que je pourrais appeler une architecture du désir. Ils explorent de façon évocative les idées de pulsions et de désirs. L’espace public devient une analogie de l’individu qui tente de se définir, de se nommer lui-même. Les personnages immobiles sont confrontés à un Autre qui les dépasse. Dans l’espace public froid se joue un drame intérieur.
Espace public no. 48
Ce tableau est une commande pour la revue Liberté : un tableau sur le thème de l’héritage de Stephen Harper. La première chose qui m’est venue à l’esprit est le lien tendu que le premier ministre canadien a développé avec la chambre des communes. Cette institution historiquement forte est malmenée par des manipulations idéologiques qui, si elles sont le reflet d’une partie du pays, ne justifient pas les différents affronts à la démocratie parlementaire. Le parlement est ici représenté comme un décor et le PM est un orateur transparent, le fantôme de la démocratie.
Pour sa refonte graphique, la revue qui à fêté récemment son 50e anniversaire, a fait appel à Éric de Larochellière, directeur artistique de la maison d’édition Le Quartanier. Celui-ci a fait le choix d’incorporer plus d’images, dont une œuvre en couverture, et c’est lui qui est à l’origine de cette collaboration.
L’actrice
Cette image est inspirée de la pièce de théâtre Douleur Exquise de Brigitte Haentjens, présentée au théâtre Espace Go en 2010. Dans cette pièce, l’actrice (Anne-Marie Cadieux) répète sans cesse une histoire, celle d’une rupture cruelle. Racontée en entrée avec douleur et cris, l’histoire se transforme peu à peu, se vide de son pathos pour devenir finalement une anecdote racontée sur un ton monocorde. Je travaillais à ce moment sur King Lear et fus impressionné par ce personnage seul, cette actrice qui fait un strip-tease émotif, se vide de sa douleur et emplit la scène de ses invectives, comme des viscères colorés. Il me vint à l’esprit un terme de psychanalyse : l’extimité, un désir de rendre visible des aspects de la vie intime, un retournement de l’intériorité en spectacle. Cet aspect du spectacle, entre intimité et théâtre me permet de reprendre la confrontation au centre de la série King Lear : une confrontation entre la conscience individuelle, explicitée par le pesonnage au théâtre, et une vision plus actuelle, post-moderne et fragmentée de l’individu.
L’apocalypse
Ce tableau est inspiré du terme apocalypse, du grec dévoilement. Comme pour le genre littéraire de la littérature apocalyptique, il se caractérise par l’utilisation de l’allégorie et du symbolisme. Le terme dévoilement est pris ici au pied de la lettre et les éléments mis en place présentent le moment qui précède ce dévoilement. Dévoilement de quoi? Dieu seul sait. Ce que je voulais évoquer c’est l’empreinte sur notre culture de la notion judéo-chrétienne de fin des temps, cette fascination qu’exerce sur nous la fin du monde. Nous sommes donc devant le jugement dernier, à moins que ce ne soit une vision de l’entrée en enfer… Dieu seul sait.