De l’ordre dans les étoiles
Une installation de dessins. L’installation «De l’ordre dans les étoiles» est un environnement visuel reprenant le motif du point blanc comme représentation de l’étoile. L’organisation de ces points blancs dans l’espace recrée la voûte céleste mais où les étoiles sont non pas disséminées dans le ciel au hasard mais ordonnées de façon systématique en carrés de tons différents. Le projet «De l’ordre dans les étoiles» se veut ainsi une cartographie de la confrontation entre l’ordre et le désordre, où le chaos de la nature se voit neutralisé par une réorganisation du visible.
Cet ordre artificiel d’organisation du visible devient une métaphore de celui imposé par les médias. Axés sur la saturation, les stratégies d’organisation du visible des mass-média ont comme conséquence de neutraliser le sens des images. Dans les médias, la juxtaposition chaotique de cette multiplication d’images efface les différences et annule notre rapport affectif à ce monde médiatisé. Dans ce nouveau monde d’images, où la publicité encadre presque totalement la visibilité, c’est le rapport à la jouissance qui est redéfini par les entreprises. La publicité est son outil privilégié de communication, son mode d’expression, et elle est en passe de devenir le langage universel de la relation au réel. Dans le projet «De l’ordre dans les étoiles», c’est précisément sur ce détail que je me penche. Sur la responsabilité qu’on donne, comme civilisation, aux entreprises d’organiser le corps social. Et, ce qui va plus loin, d’organiser la nature, la vie en société, et ultimement de réorganiser nos différents héritages culturels et humains.
Au lieu d’une représentation romantique de l’infinité de l’univers, c’est plutôt dans une schématisation graphique avec des médiums plus humbles que se présente l’oeuvre. Tout l’aspect dérisoire et absurde de cette allégorie utopique apparaît bien plus fort dans ces petites image délicates et peintes de façon sommaire, et les constellations et autres objets stellaires seront «commandités» par de grandes firmes trans-nationales, les plus grandes du Canada (selon le National Post, en 2002). Cet ordre artificiel d’organisation du visible devient une métaphore de celui imposé par l’industrie sur la nature. On se retrouve donc devant une nature dénaturée, une utopie qui n’est pas représentation mais schématisation, un fantasme incroyable de contrôle de la nature.