De ma mère et de ma terre


De ma mère et de ma terre

Fertilité, transplantation et mort dans la création d’artistes immigrants d’Amérique latine

Commissaire : Rafael Sottolichio

Une exposition de la Maison de la culture de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension

Présentée dans le cadre du Festival Latinarte du 10 septembre au 12 octobre 2014

 

Artistes :

Helena Martin Franco (Colombie)

Estela López Solís (Mexique)

Osvaldo Ramirez Castillo (Salvador)

Mariza Rosales Argonza (Mexique)

« Aucune expérience humaine n’est dénuée de sens ni indigne d’analyse. » Primo Levi

Les artistes participant à l’exposition De ma mère et de ma terre sont issus de communautés culturelles différentes. Qu’ils aient émigré pendant leur enfance ou à l’âge adulte influence le rapport qu’ils entretiennent avec leur culture d’origine et avec celle qui les reçoit. Dans les œuvres présentées, ce rapport peut s’exprimer tout en nuances ou être exposé comme une gifle porteuse de souffrances amères.

L’histoire récente des Latino-Américains permet de dégager certains repères identitaires. Entre les pratiques photographiques des années 1960 et 1970 et les avant-gardes internationales que les artistes ont rencontrées, ils écrivent leur propre parcours en faisant leurs choix.

(…)

 

Dessiner sa trajectoire

Nous avons tous une origine. Dès notre naissance, notre communauté nous expliquera ce monde où nous venons d’apparaître. Les plus contemplateurs nous auront rapidement tracé une carte du ciel répondant à la majorité de nos questions. Les plus matérialistes nous feront l’esquisse d’une évolution dont nous sommes l’apogée. Notre histoire propre se chargera de nous dessiner un plan sur le corps. Ce plan, nous le porterons toute notre vie, et il s’effacera éventuellement pour laisser la place à l’autre histoire : l’histoire immatérielle, tissée avec les autres corps et le territoire; une histoire faite de mots, de noms et d’imaginaire. Les noms propres, mais aussi les noms des villes, pays, rivières, océans nous colleront à la peau comme des épithètes bénies ou maudites. Citoyens d’un territoire ou passagers de trajectoires arbitraires, nous passerons notre existence à chercher un sens aux imprévus qui nous mèneront d’ici à là-bas, aux événements qui écriront notre histoire dans l’imbrication perpétuelle de celle des autres.

(…)

Ainsi, chaque artiste développe dans son travail un rapport à l’identité, qu’il s’agisse d’une identité nationale ou plus intime, personnelle. Les pays d’origine et d’adoption participent à la définir et à nommer la réalité dans laquelle s’inscrit chacun des créateurs. Mais sont-ils Canadiens ? Québécois ? Mexicains ? Latinos ?

Comme des semences emportées par monts et par vaux au-delà des frontières, les artistes sont à la recherche d’une terre fertile où ils pourront transplanter leur projet, leur création. Or, les codes visuels des Latino-Américains se rejoignent, que ces derniers soient arrivés sur le tard ou aient grandi en Amérique du Nord. La vie, la mort, la religion; les archétypes qui forment notre rapport au lieu de vie sont ici remis en question. Comme l’individu qui doit apprendre qu’il est « multiple », que tout au long de sa vie, son identité doit s’ouvrir pour intégrer de nouvelles données vie, l’artiste est amené à se redéfinir dans son travail de création et exposer ce questionnement, cette tension, cette aventure.

PDF : Brochure