Imaco, laboratoire de dessin
Regroupés tantôt par thèmes, tantôt désordonnés en amas d’images, les dessins de Mélanie Baillairgé, Francisco Sottolichio et Rafael Sottolichio jettent un regard critique et original sur les médias de masse. Avec en toile de fond un constat désolant de l’état des médias de masse, les membres de Imaco proposent un regard personnel sous la forme d’un laboratoire de dessin. Tel un brainstorming, le dessin devient ici une façon de présenter un contenu visuel rapide, résultat d’une prise de notes dans l’environnement visuel et permet aux trois créateurs de se renvoyer efficacement des idées. Tous trois ayant de forts liens avec l’art commercial, avec le commerce, les trois créateurs proposent une alternative à des images façonnées de A à Z pour convaincre, vendre, faire rêver.
Proche de la satire politique, de la caricature, mais aussi du dessin comme moyen utilisé historiquement par les artistes en vue de l’élaboration de grandes oeuvres d’art, ces dessins se situent à mi-chemin entre les deux. D’un côté l’image devient un outil pour un message, partageant parfois la sellette avec le texte, avec des mots, des slogans, d’un autre côté, c’est le dessin qui seul propose une image d’où ressort un point de vue personnel, un « graphisme » subjectif.
Mélanie Baillairgé, illustratrice er graphiste, prend comme point de départ l’image médiatique comme référant identitaire, comme élément d’une définition de l’identitié sexuelle. En créant une fiction d’un transexuel en quête d’identité, elle suit le processus comme une personne pourrait le voir, se voir, à travers les médias et à travers ses dessins. Francisco Sottolichio, directeur artistique de M.Edgar, boîte de communications, et membre fondateur de Epsilonlab, collectif d’artistes médiatiques, utilise l’affiche pour proposer une série d’images fortes, proches de la publicité mais où le sens au lieu d’être martelé est plutôt insinué. Ses images reprennent des termes des médias en les détournant pour en faire ressortir les immenses contradictions. Rafael Sottolichio, artiste peintre et illustrateur, s’attaque aux objets et à leur fétichisation par la société de consommation, à leur utilisation dans la formulation d’une identité de consommateur.
Détaché de la commande, le dessin devient libéré du poids de l’industrie, et peut s’élever au statut d’oeuvre, peut proposer des lectures ambiguës, peut se compromettre avec le tissu social et parler à l’individu et non au consommateur.