Éphémérides, réalisé avec Élise Cropsal
Un an, un dessin par jour
Le projet Éphémérides a commencé comme un exercice de dessin. À un moment où nous étions tous deux occupés à nos métiers respectifs de graphiste et de peintre scénique, nous avons commencé à faire des dessins, un par jour, sans aucune forme de restriction autre que le format : une feuille de papier de sept pouces de haut par cinq pouces et demi de large. Le 8 février 2003, un samedi froid, marque notre premier jour de dessin.
À l’origine un exercice de dessin, une façon de «garder la main», le projet va grandir rapidement et devenir plus grand que nous aurions jamais pu l’imaginer. Malgré de nombreux écarts qui viennent ponctuer de vide notre calendrier, écarts rapidement rattrapés par la suite, la routine s’installe, les dessins s’accumulent. La pile au coin de la table grandit et grandit, et trouve refuge dans une petite boîte de carton bleu. La corvée des premiers jours devient rapidement un exutoire essentiel pour notre imagination débordante.
Les dessins commencent à devenir complexes : des gribouillis de premiers jours, ils deviennent rapidement des petits bijoux. Ici une fiction tordue qui met en scène des personnages étranges, là un commentaire sur la consommation éffrénée; plus loin un collage délicat de revues de mode, ici encore une image abstraite, bigarrée, sur papier coloré. Viennent ensuite les événements du printemps 2003 qui vont occuper nos esprits pendant des mois : la guerre de Bush, les manifs pour la paix, les médias qui s’énervent. Puis les vacances, les voyages, Halifax, Berlin, Paris, Barcelone. Notre petit projet sans envergure est devenu un immense récit désordonné de nos idées et de nos rêves, témoin d’une année passée ensemble à observer et à créer.
On décidera finalement de s’arrêter à un an. De mettre un point final au projet après 365 jours de dessins. Peut-être pour éviter la redite, peut-être pour clore l’exercice, quitte à en recommencer un autre plus tard, le projet devait avoir une fin. Ce n’est que plus tard, lorsqu’on s’est retrouvé devant cette montagne d’images que l’idée nous est venue de l’exposer. Une seule fois. Un soir, lors du lancement d’une revue de poésie éditée par un groupe d’amis communs, au mois d’avril 2004. Mais les gens veulent repasser pour continuer à lire les textes, pour revoir les images, pour amener des amis. Devant la réception plutôt positive, on s’est dit que ça vaudrait peut-être la peine de patager notre année avec d’autres…
Éphémérides, c’est une tranche de vie, un journal intime commun de 760 images.