Espaces publics
Ces peintures montrent des espaces publics stéréotypés : centres d’achats, métro, aéroport, centres de conférences, entrées d’institutions publiques ou privées. Dans ces espaces familiers, des personnages sont mis en scène. Ils sont les habitants de ces décors. Des trouées qui laissent voir des structures apparentes évoquent l’aspect construit de leur réalité. En isolant ou en regroupant les personnages par des variations de matière et de manières de peindre, ceux-ci manifestent des rapports spécifiques à leurs environnements respectifs. Je désire offrir ainsi à voir le rapport complexe qui nous relie à ces endroits. Ces architectures modernes deviennent, dans la peinture, des décors où l’individu semble perdu. Je pense évoquer ainsi une ambiguïté sur le sens d’espace public. Ces lieux n’ont de public que le nom, étant généralement des endroits privés, régis par des règles de comportement très stricts et qui, finalement organisent la circulation des personnes selon des critères d’efficacité et de rentabilité.
Dans ce projet, j’utilise le terme espace public en référence à Jürgen Habermas. Celui-ci définit l’espace public comme un lieu où les interprétations et les aspirations des individus et des groupes se manifestent et prennent consistance aux yeux des autres, s’interpénètrent, entrent en synergie ou en conflit. Cet espace public, Jürgen Habermas le voit naître en Europe au 18e siècle comme un outil de contre-pouvoir de la bourgeoisie naissante ainsi que comme un instrument de développement des nouveaux marchés du commerce mondial naissant. Cet espace public n’a cessé de croître, de se développer, et a créé de nombreuses attentes. C’est donc cet espace public manipulé que je mets en scène dans ces tableaux, et c’est l’aliénation que cette manipulation provoque que j’évoque dans le projet Espaces publics.